Blog du site
Madame
Monsieur
Je viens de participer au webinaire organisé par le GPE-KIX concernant le Guide sur l’assurance qualité de la formation des enseignant-e-s en Afrique subsaharienne.
J’ai beaucoup apprécié les interventions et la qualité du travail présenté.
Je me permets de vous transmettre les réflexions suivantes.
La qualité de l’enseignement est un élément essentiel de la réussite éducative, et la qualité de la formation initiale et continue reçue par les enseignants est d’une grande importance.
A juste raison, la communauté internationale accorde à la formation des enseignants une attention vérifiable, en termes d’investissements financiers et de projets nationaux et internationaux mis en œuvre.
Malgré l’existence des institutions consacrées à la formation initiale des enseignants du primaire, on déplore la faible qualité des enseignements dispensés et des apprentissages réalisés par les élèves.
Imaginons la qualité de l’enseignement si les écoles normales n’existaient pas…
C’est le cas pour les gestionnaires des systèmes éducatifs.
En Afrique francophone, les institutions vouées à la formation initiale des administrateurs scolaires et les projets internationaux dans ce domaine sont rares. Et, règle générale, selon nos recherches et les témoignages des membres de nos associations nationales, les ministères de l’Éducation se préoccupent peu de cette formation professionnelle.
On peut imaginer les résultats d’une éventuelle évaluation rigoureuse des compétences en gestion dans les établissements et services éducatifs…
Pourtant, toutes les organisations internationales (CONFEMEN, UNESCO, IIPE, Banque Mondiale, OCDE, etc.), affirment la contribution essentielle de la gestion à la qualité de l’éducation.
Lors de la conclusion du webinaire, Madame Anabelle OSTYN, de l’AUF, a déclaré que le chef d’établissement constitue la clé de voûte de l’application de la qualité dans les établissements. Nous estimons que cette affirmation vaut pour les responsables de l’ensemble des niveaux hiérarchiques du système.
Mais la qualité de l’apprentissage ne peut être assurée efficacement par les administrateurs « vacataires ».
Comme l’affirme la Banque Mondiale, la transformation des systèmes éducatifs ne pourra se réaliser en pièces détachées. Il faut une approche systémique, et la gestion constitue la fonction qui devrait assurer la cohérence entre les composantes du système et leur orientation vers la qualité éducative.
C’est pourquoi nous insistons sur l’importance pour tous les acteurs – locaux, régionaux, nationaux et internationaux - d’accorder une attention soutenue à l’amélioration de la gestion des systèmes éducatifs, condition essentielle de la qualité de leur fonctionnement.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à ces réflexions, je vous transmets mes salutations cordiales.
En esprit de collaboration
Richard CHARRON
Professeur associé
Membre du Conseil académique
Direction de la formation à distance
Université Senghor
richard.charrron@usenghor.org
Fondateur ÉduGestion
richard.charron@edugestion.org
CC : CONFEMEN
IFEF
IICBA
GPE-KIX
Madame, Monsieur,
Merci de votre réponse au sujet de notre proposition de recherche pour le Symposium KIX Afrique sur l'éducation, prévu du 20 au 22 novembre 2024 à Addis-Abeba, en Éthiopie.
Nous sommes reconnaissants de votre attention à notre proposition. Nous sommes évidemment déçus de votre décision, et nous souhaitons, respectueusement, vous transmettre notre avis sur le contenu du Symposium.
À la suite de notre participation au Symposium GPE-KIX en 2022, nous avons analysé les thèmes des travaux et constaté que peu de recherches et d’innovations y traitaient de la qualité de la gestion des systèmes éducatifs. Seules deux interventions abordaient directement ce thème, et quelques autres y faisaient référence. Mais son importance stratégique n’était pas suffisamment reflétée, en comparaison d’autres facteurs sans impact systémique évident.
Notre conviction profonde, soutenue par l’ensemble des acteurs internationaux en éducation, est que la qualité de la gestion constitue l’un des principaux facteurs de l’efficacité scolaire et de la dynamique systémique.
En vue de Construire des systèmes résilients pour un accès accru à une éducation inclusive, de qualité et pertinente en Afrique, il faut nécessairement adopter une vision systémique, et traiter de la gestion de la résilience, de l’inclusion, de l’accès et des interactions qui constituent l’essentiel de la dynamique nécessaire pour modifier les systèmes en place. C’est dans ce contexte que la compétence des gestionnaires devient une exigence, et devrait constituer une préoccupation importante de la communauté internationale, et du GPE-KIX en particulier.
Nous espérons pouvoir suivre à distance les travaux du Symposium 2024, et constater que davantage d’emphase y sera mise sur l’approche systémique et ascendante nécessaire pour construire des systèmes décrits dans le thème de la rencontre.
Comme le souligne l’UNESCO, « le domaine le plus souvent
négligé en matière de politique éducative est sans doute la sélection et la
formation des responsables éducatifs au niveau de l’école et du district, ceux
qui sont les mieux à même de concrétiser la vision du gouvernement et de faire
progresser l’acquisition des apprentissages fondamentaux ».
(Né.e pour apprendre, p. 10)
Considérant cette réalité, ainsi que le peu de recherches, d’innovations, de programmes universitaires, de chercheurs et de fonds disponibles en formation et professionnalisation de la gestion des systèmes éducatifs, il serait, à notre avis, urgent de convoquer un symposium international à ce sujet.
Notre association internationale, et ses dix associations professionnelles en émergence (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo) souhaitent contribuer à cette formation et professionnalisation de la gestion des systèmes éducatifs.
En vous remerciant de l’attention que vous porterez à ces considérations, je vous transmets mes salutations cordiales.
En esprit de collaboration,
Richard CHARRONProfesseur associé
Membre du Conseil académique
Direction de la formation à distance
Université Senghor
richard.charron@usenghor.org
Fondateur ÉduGestion
richard.charron@edugestion.org
6 septembre 2024
Je vais bientôt publier de nouveaux épisodes de la série
5 minutes systémiques.
Voici les liens vers les épisodes déjà publiés
Intervention EduGestion au Symposium continental sur la recherche et l'innovation en éducation
Addis Abeba, 4-6 octobre 2022
Merci à Elogne Guessan ZORO, Sabine AWOUDA, David EMINI, Jean Vincent KENDY MANGA, Mathieu NONGNI, Hyanice Ivantsu BIGOUAGOU-DILOUSSA, Abdoulaye CISSE, Charles SOUREWEMA, Samuel SOP, Moustapha Abdoulaye, Managuebzanga BAGRE et Monique DJENGUE OWONO d’avoir contribué dans notre Forum, jusqu’à maintenant, à la réflexion sur les perspectives de formation des gestionnaires. Il me fait tellement plaisir de reprendre contact avec vous, dont certains avec lesquels je n’ai pas communiqué depuis des années.
A mesure que vos commentaires nous rejoignent – et j’espère que plusieurs autres d’entre vous contribueront encore à notre Forum – je vais tenter de synthétiser les réflexions reçues, sans les filtrer. Nous pourrons ensuite approfondir chacune de ces problématiques.
Première synthèse :
- Les systèmes éducatifs de tous les pays sont sous la pesanteur d'orientations politiques politiciennes. Il est donc difficile de s’exprimer librement sur les réalités de la formation des gestionnaires.
- La volonté politique de former les gestionnaires n’existe pas.
- Tant qu’il n’y a pas de volonté politique rien ne peut se faire chez nous.
- Même les promus du GSE haut placés n'offrent aucune possibilité d'évolution
- Il faudrait faire un lobbying international
- Nous n'avons pas su créer un lobby solide pour faire bouger les lignes dans une Administration encore centralisée et très bureaucratique.
- La marche vers nos destinées est par trop singulière, individuelle.
- Parfois, les titulaires les GSE sont considérés comme un danger pour les cadres en place et tout est fait pour les éloigner des instances de réflexion et de mise en œuvre des différents projets dans lesquels ils auraient pu être utiles.
- Les activités de formation des gestionnaires sont une question de copinage, sans considération de la compétence des formateurs.
- Avec la baisse des cartons alloués à la formation personne n'ose plus s'y hasarder. D'ailleurs, ces fonds ne servaient qu'a engraisser les gestionnaires de crédits.
- Les projets de formation, comme l’IFADEM, ne profitent pas de l’expertise des formateurs reconnus par un diplôme universitaire
- Proposition : lancement d'un mooc sur la gse (projet à étudier...)
- Présentation des structure susceptibles d’intervenir dans l’élaboration d’un dispositif de formation continue des DE (tableau détaillé)
- L’expertise des promus du GSE (et d’autres programmes universitaires) n’est pas prise en compte pour les raisons suivantes
- Cette expertise est méconnue par les autorités
- Il existe une lutte de leadership
- Le diplôme du GSE n’est pas reconnu
- La nomination au poste de chef d'établissement dépend de
- L'appartenance au parti politique au pouvoir
- L'appartenance régionale et familiale
- L'appartenance religieuse : Rose-Croix, franc maçonnerie et autres
- Les gestionnaires du système éducatif sont nommés de façon discrétionnaire sans aucune préparation ni formation avec tout ce que cela entraîne comme répercussions graves sur le terrain et dans les habitudes individualisées de gestion.
- Dans mon pays comme dans la plupart des pays africains au sud du Sahara, la politique prend le dessus sur l'éducation, l'instruction et la formation des formateurs. Seule votre intervention auprès des ministères de l'éducation nationale pourrait éventuellement faire qu'ils nous reconnaissent.
- L'expertise des promus de GSE reste, de nos jours mal perçue par les autorités éducatives dans nos pays respectifs. Une organisation des promus du GSE s'avère indispensable pour capitaliser leur expertise et attirer l'attention des décideurs dans le domaine. Le contexte actuel offre cette opportunité. Dans mon pays je pense que les perspectives sont bonnes avec la création récente du corps des administrateurs des structures scolaire au niveau du post primaire et du secondaire. L’État compte recruter chaque année un certain nombre de professeurs à former pendant deux années dans une école professionnelle afin qu’ils deviennent des gestionnaires des structures scolaires. Je pense que c'est une bonne opportunité pour les experts GSE du Burkina Faso de faire un plaidoyer auprès du Ministère de l’éducation nationale pour qu'il tienne compte des compétences disponibles sur place pour contribuer à cette futur formation des gestionnaires des structures scolaires au Burkina Faso
- Le contenu du GSE et le projet professionnel sont efficaces. Le produit ‘senghorien’ qui devrait servir de fil d’Ariane à l’ensemble tarde à occuper son espace. Aussi serait-il opportun qu’au-delà du module sur l’autorité et le leadership, ce Master pourrait intégrer à juste titre le lobbying et le coaching, en vue de doter les lauréats d’un peu plus d’entregent. Tel serait peut-être le talon d’Achille de toute cette infrastructure. En attendant, les réseaux nationaux EduGestion sont sur la sellette, et la réponse idoine est de combler le vide signalé.
- Le ministère en charge de l’éducation, n’a pratiquement aucune politique de formation continue des responsables éducatifs et des chefs d’établissement scolaire. En outre, les initiatives ne sont pas accompagnées et encouragées pour des ressources humaines de qualité.
- Le Burkina a amorcé une réforme de sa politique de formation des acteurs en lien avec le statut valorisant. Et dans cette perspective, il est prévu la formation des administrateurs qui auront la responsabilité de gérer les établissements. Mais l'autre grosse difficulté est la question de la responsabilisation des acteurs. Quelle autonomie de gestion auront ces administrateurs pour un véritablement développement de nos systèmes éducatifs?
- Des référentiels de compétence ont été développés ainsi que des matériels de formation pour les gestionnaires, mais aucune suite n’a été accordée. Le travail effectué a été exploité par d’autres responsables du Ministère à leur propre compte.
- Nos responsables hiérarchiques ne verraient point d'un bon œil des personnes de rang administratif inférieur venir les former (comme si on peut tout connaitre); ceux qui organisent les formations ne voudraient pas que les fonds y alloués soient utilisés pour les experts, ils préfèrent donc parfois s'accaparer toutes les formations pour lesquelles ils seront seuls facilitateurs.
- Puisque la Décision doit venir d'en haut, parfois nous nous trouvons désarmés tout simplement et nous voyons notre expertise, notre si noble et riche expertise se manger dans les sauces ou mourir en nous. A titre individuel ou parfois en petits groupes on a eu à donner des formations aux directeurs d'écoles sur la demande d'un inspecteur d'arrondissement et là c'est grâce aux relations qui connaissaient quelque peu notre expertise.
Les réalités sont différentes selon les pays.
Mais des tendances se manifestent, des problématiques communes se dessinent.
A la fin de ce sondage, nous structurerons une réflexion sur ces problématiques et les solutions possibles.
N’hésitez pas à ajouter votre contribution dans le Forum.
Richard
Quelles sont les principales composantes du leadership ?
Le charisme et le génie ?
Le charisme et le génie sont des héritages génétiques qui ne peuvent s'acquérir. Mais on leur attache souvent trop d'importance. En effet,
- si l'on n'associe pas à ces attributs des habiletés complémentaires, ils ne seront pas très utiles ;`et
- leur absence peut être compensée par le renforcement d'autres compétences qui suffiront pour manifester le leadership souhaité.
Devenir un leader efficace consiste à maîtriser un ensemble de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être pertinents. Il inclut la connaissance de ses forces et faiblesses et le développement de celles-là pour compenser celles-ci.
De nombreuses approches ont été proposées pour décrire le leadership :
- l'approche centrée sur les traits;
- l'approche axée sur les comportements
- l'approche des contingences;
- l'approche transactionnelle; et
- l'approche transformationnelle.
Nous reviendrons plus tard sur l'approche transformationnelle. Si vous souhaitez approfondir ces notions, vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous pour lire un article de Guy PELLETIER publié dans notre bibliothèque professionnelle
Le leadership : repérages et balises théoriques
Dans le cadre du leadership transformationnel, la définition suivante sera approfondie :
Un leader efficace est celui qui
- se crée une vision du développement de son organisation;
- motive et inspire sa communauté à s'engager dans cette vision;
- gère efficacement la mise en œuvre de cette vision; et
- développe et tutore une équipe en vue d'implanter cette vision plus efficacement.
Le leadership suppose la maîtrise des habiletés nécessaires pour réaliser ces composantes.
Dans les prochains textes, nous examinerons en détail chacune de ces composantes.
Capsules sur le leadership2. Leadership : position ou compétence ? |
|
Pouvez-vous identifier, dans votre milieu de travail :
Prenez quelques minutes pour vous interroger : qu'est-ce qui fait que vous percevez telle personne comme un leader dans son milieu ? Son poste hiérarchique ? Son pouvoir ? Son influence ? Son charisme ? De toute évidence, la position hiérarchique ne garantit pas le leadership d'un dirigeant. La personne qui n'occupe pas de poste hiérarchique mais qui manifeste du leadership a tout simplement décidé d'assumer ce leadership et de développer les compétences nécessaires pour l’exercer. Le leadership n'est donc pas exclusivement quelque chose d'inné ou de d’imposé par la hiérarchie. Certaines prédispositions génétiques peuvent le favoriser, et certains types d'éducation également. Mais le leadership est une compétence que l'on peut acquérir, comme toutes les autres compétences. Et comme toutes les autres compétences, le leadership n'est pas essentiellement une question de savoir intellectuel. Il ne suffit pas d'acquérir des connaissances abstraites pour devenir leader. Rappelons qu'une compétence est un ensemble intégré de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être qui permettent de réussir une tâche. Pour manifester du leadership, il faut donc posséder certains savoirs théoriques (connaissances, concepts, etc.), des savoir-faire procéduraux (méthodes, procédures, etc.) et savoir-être (attitudes, réactions, sentiments, etc.). Ces savoirs s'acquièrent, essentiellement par la pratique. C'est en exerçant le leadership qu'on devient leader ! Le leadership n’est pas une position hiérarchique, mais une compétence qui s'acquiert, que l'on peut construire. Dans la prochaine capsule, nous traiterons du thème Charisme et leadership. |